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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/325

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ses enfans ne manqueraient pas de se faire périr en mangeant de son fruit, et d’entraîner leur postérité dans la misère. Cependant, Dieu sait que l’homme sera perdu lui et sa race, s’il mange de ce fruit, et non-seulement il place en lui le pouvoir de céder, mais il porte la méchanceté au point de le faire séduire ; il succombe, et il est perdu ; il fait ce que Dieu permet qu’il fasse, ce que Dieu l’engage à faire, et le voilà éternellement malheureux. Peut-on rien au monde de plus absurde et de plus cruel ! Sans doute, et je le répète, je ne prendrais pas la peine de combattre une telle absurdité, si le dogme de l’enfer dont je veux anéantir à vos yeux jusqu’à la plus légère trace, n’en était une suite affreuse.

Ne voyons dans tout cela que des allégories dont il est possible de s’amuser un instant, mais qu’il serait odieux de croire, et dont il ne devrait même être permis de parler, que comme on le fait des fables d’Esope et des chimères de Milton, à la différence que celles-ci sont de peu d’importance, au lieu que celles-là en cherchant à captiver notre foi, à troubler nos plaisirs, deviennent du danger le plus évident ; et