Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/326

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qu’il faudrait tâcher de les anéantir au point qu’on ne dût s’en occuper jamais.

Convaincons-nous donc bien que tant ces faits, que ceux qui sont consignés dans le plat roman connu sous le nom d’Écriture sainte, ne sont que des mensonges abominables, dignes du plus profond mépris, et desquels nous ne devons tirer aucune conséquence pour le bonheur ou le malheur de notre vie ; persuadons-nous, que le dogme de l’immortalité de l’ame qu’il a fallu admettre, avant que de destiner cette ame à des peines ou à des récompenses éternelles, est le plus plat, le plus grossier et le plus indigne des mensonges qu’il soit possible de faire… que tout périt en nous comme dans les animaux, et que d’après cela, telle conduite que nous ayons pu garder en ce monde, nous n’en serons ni plus heureux ni plus malheureux, après y avoir séjourné le tems qu’il plaît à la nature de nous y laisser.

On a dit que la croyance des châtimens éternels était absolument nécessaire pour contenir les hommes, et qu’il faut, d’après cela, se bien garder de la détruire. Mais s’il est évident qu’elle soit fausse cette doctrine, s’il est impossible qu’elle tienne à l’examen,