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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/33

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invente, Juliette, invente donc quelque chose, ta tête est délicieuse, tout ce que tu proposes est divin ; il y a mille tourmens à lui faire encore éprouver, répondis-je, et tous plus piquans les uns que les autres ; et j’allais en proposer quelques-uns, lorsque Noirceuil s’approchant de nous, dit à Saint-Fond qu’il fallait lui faire avaler tout de suite la dose dont j’étais munie, avant que de lui ôter les forces nécessaires à nous donner les moyens de juger et de jouir des effets de ce poison ; d’Albert consulté, est pleinement de cet avis ; on détache la dame et on me la remet. Aimable infortunée, lui dis-je, après avoir mêlé la poudre dans un verre de vin d’Alicante, avalez ceci pour vous restaurer, et vous allez voir l’état de réconfortation où ce breuvage va mettre vos esprits. Notre imbécille avale avec docilité, et sitôt qu’elle a fait, Noirceuil qui n’avait pas cessé de m’enculer pendant que j’opérais, jaloux de ne perdre aucune des contorsions de cette agonie, me quitte pour venir considérer de plus près la victime. Vous allez mourir, lui dit-il, y êtes-vous bien déterminée ; madame est trop raisonnable, poursuit d’Albert, pour ne pas sentir que quand une femme a perdu