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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/343

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perboles, et qu’on ne doit jamais prendre ce qu’elle dit à la lettre. Faut-il, d’après ces exagérations, corrompre, comme on le fait, le véritable sens des choses ; et ne sont-ce pas véritablement de tels amplificateurs qui doivent être regardés comme les plus certains ennemis du bon sens et de la raison.

Mais de quelle nature est-il donc ce feu dont on nous menace ? 1°. Il ne peut être corporel, puisqu’on nous dit que notre feu n’en est qu’une faible image ; 2°. un feu corporel éclaire le lieu où il se trouve, et l’on nous assure que l’enfer est un lieu de ténèbres ; 3°. le feu corporel consume promptement toutes les matières combustibles, et finit par se consumer lui-même, au lieu que le feu de l’enfer doit durer toujours et consumer éternellement ; 4°. le feu de l’enfer est invisible, il n’est donc point corporel, puisqu’il est invisible ; 5°. le feu corporel s’éteint faute d’alimens, et le feu de l’enfer, selon notre absurde religion, ne s’éteindra jamais ; 6°. le feu de l’enfer est éternel, et le feu corporel n’est que momentané : 7°. on dit que la privation de Dieu sera le plus grand des supplices pour les damnés ; cependant nous éprouvons dans cette vie que