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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/357

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ce qui est en question ; bien éloigné de penser comme vous, j’admets un être-suprême, et bien plus constamment encore l’immortalité de nos ames ; mais que vos dévots enchantés de ce début, n’aillent point partir de là, pour s’imaginer avoir fait un prosélite de moi, je doute que mes systêmes leur plaisent, et de quelqu’extravagance que vous puissiez les taxer, je vais néanmoins vous les offrir.

Je lève les yeux sur l’univers, je vois le mal, le désordre et le crime, y régner partout en despotes ; je rabaisse mes regards sur l’être le plus intéressant de cet univers. Je le vois également paîtri de vices, de contradictions, d’infâmies ; quelles idées résultent de cet examen ? que ce que nous appelons improprement le mal, ne l’est réellement point, et que ce mode est d’une telle nécessité aux vues de l’être qui nous a créés, qu’il cesserait d’être le maître de son propre ouvrage, si le mal n’existait pas universellement sur la terre ; bien convaincu de ce systême, je me dis : il existe un Dieu : une main quelconque, a nécessairement créé tout ce que je vois, mais elle ne l’a créé que pour le mal, elle ne se plaît que dans le mal ;