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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/356

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fer, je rends justice à l’érudition, que l’on y voit régner… à son but… à quelques-unes de ses conséquences : l’admettre, c’est ce que je ne puis, et voici ce que je lui oppose.

Il paraît d’abord que d’un bout à l’autre de votre raisonnement, vous ne cherchez qu’à disculper Dieu de la barbarie du dogme de l’enfer ; si Dieu existe, dites-vous presqu’à chaque phrase, les qualités dont il doit être doué, sont toutes incompatibles avec cet exécrable dogme ; mais voilà précisément où vous tombez, selon moi, dans la plus lourde erreur, et cela, faute d’une philosophie assez profonde, assez lumineuse pour vous faire voir juste sur cette matière. Le dogme de l’enfer gêne vos plaisirs, et vous partez delà pour soutenir qu’il n’y a point d’enfer ; quelle foi voulez-vous qu’on ait dans une opinion si pleine d’égoïsme : afin de combattre le dogme certain des peines éternelles, vous commencez gratuitement par détruire tout ce qui l’étaye ; il n’y a point de Dieu, nous n’avons point d’ame, donc il ne peut y avoir de supplices à craindre dans une autre vie ; il me semble que vous commencez ici par la plus grande faute que l’on puisse commettre en logique, qui est de supposer