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vous combattre, et c’est, par la seule manière dont il est gouverné, que je vois comme indispensable, la nécessité du mal éternel et universel dans le monde. L’auteur de l’univers est le plus méchant, le plus féroce, le plus épouvantable de tous les êtres. Ses œuvres ne peuvent être autre chose, ou que le résultat, ou que le mouvement de la scélératesse. Sans la plus extrême période de la méchanceté, rien ne se soutiendrait dans l’univers ; le mal est cependant un être moral, et non pas un être créé ; un être éternel et non périssable : il existait avant le monde ; il constituait l’être monstrueux… exécrable qui put créer un monde aussi bisarre. Il existera donc après les créatures qui peuplent ce monde ; et c’est dans lui qu’elles rentreront toutes, pour recréer d’autres êtres plus méchans encore, et voilà pourquoi l’on dit que tout se dégrade, que tout se corrompt en vieillissant ; cela ne vient que de la rentrée et de la sortie perpétuelle des élémens méchans dans le sein des mollécules malfaisantes.

Vous allez me demander, peut-être maintenant, comment même dans cette hypothèse, j’arrange la possibilité de faire souf-