Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous envoyant des pestes, des guerres civiles, des maladies, des tremblemens de terre, des orages ; est-ce en secouant perpétuellement sur vos têtes tous les serpens de la discorde, que je vous persuadais que le bien était mon essence ? Imbécille ! que ne m’imitais-tu ? Pourquoi résistais-tu à ces passions, que je n’avais placé dans toi que pour te prouver combien le mal m’était nécessaire ? Il fallait suivre leur organe, dépouiller comme moi sans pitié la veuve et l’orphelin, envahir l’héritage du pauvre, faire en un mot servir l’homme à tous tes besoins… tous tes caprices comme je le fais. Que te revient-il d’avoir pris comme un sot une route contraire, et comment les élemens moëlleux, émanés de ta dissolution, vont-ils sans se briser, t’occasionner les plus vives douleurs, rentrer maintenant dans le sein de la malfaisance et du crime ?

Plus philosophe que vous, Clairwil, vous le voyez, je n’ai pas recours comme vous, ni à ce polisson de Jésus, ni à ce plat roman de l’écriture sainte, pour vous démontrer mon systême ; c’est dans la seule étude de l’univers que je cherche des armes pour