Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/37

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tems que je desirais la fin de cette ennuyeuse bégueule ; j’en étais encore plus las que son mari. Ma foi, dit d’Albert, vous l’aviez pour le moins autant foutue que lui. Oui ! beaucoup plus, dit mon amant. Quoiqu’il en soit, dit Saint-Fond à Noirceuil, ma fille est maintenant à vous ; vous savez que je vous l’ai promise pour récompense de cette épreuve-ci. Je suis enchanté de ce poison, il est bien malheureux que nous ne puissions pas jouir ainsi du spectacle de la mort de tous ceux que nous faisons périr de cette manière… Allons, mon ami, je vous le répète, ma fille est à vous ; que le ciel bénisse une aventure où je gagne un gendre très-aimable, et la certitude de n’avoir point été trompé par la femme qui me fournit ces venins. Ici Noirceuil eut l’air de faire une question bas à Saint-Fond, qui lui répondit affirmativement. Et le ministre m’adressant ensuite la parole, Juliette, me dit-il, vous viendrez me voir demain, je vous expliquerai ce que je n’ai fait qu’effleurer aujourd’hui ; Noirceuil en se remariant, ne peut plus vous avoir chez lui ; mais les effets de mon crédit, les graces que je vais répandre sur vous, l’argent dont je vais vous couvrir, vous dédommageront bien amplement du