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sort que vous faisait mon ami. Je suis très-content de vous ; votre imagination est brillante votre flegme entier dans le crime, votre cul superbe, je vous crois féroce et libertine, voilà les vertus qu’il me faut. Monseigneur, répondis-je, j’accepte avec reconnaissance tout ce qu’il vous plait de m’offrir, mais je ne puis vous dissimuler que j’aime Noirceuil, je ne m’en séparerais qu’avec peine. Nous ne cesserons point de nous voir, mon enfant, me répondit l’ami de St.-Fond, gendre du ministre et son ami intime, nous passerons notre vie ensemble ; soit, répondis-je ; à ces conditions, j’accepte tout.

Les garçons et les filles à qui l’on fit entrevoir une mort sûre dans le cas de la moindre indiscrétion, jurèrent un silence éternel ; madame de Noirceuil fût enterrée dans le jardin, et l’on se sépara.

Une circonstance imprévue retarda le mariage de Noirceuil, ainsi que les projets du ministre ; il ne me fut pas possible non plus de le voir le lendemain. Le roi singulièrement content de St.-Fond, venait de lui donner une marque sûre de sa confiance, en le chargeant d’un voyage secret pour lequel il fut obligé de partir sur-le-champ, et au re-