Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/87

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du jour, est mon unique ouvrage ; cinq ou six femmes sont depuis deux mois à la bastille, pour avoir voulu être mieux mises que moi. Nous entrâmes ensuite dans quelques détails sur les fêtes que je donnais au ministre ; je ne te cacherai pas, me dit Noirceuil, que tu as l’air de te relâcher depuis quelque tems, Saint-Fond s’en est apperçu ; il n’y avait pas cinquante plats au dernier souper ; ce n’est qu’en mangeant beaucoup qu’on décharge bien, poursuivit Noirceuil, et nous autres libertins, nous tenons fort à la qualité et à la quantité du sperme ; la gourmandise flatte infiniment tous les goûts qu’il a plu à la nature de nous donner, et il semble qu’on n’a jamais le vit si roide, et le cœur si dur, que quand on vient de faire un repas somptueux. Je te recommande encore le choix des filles ; Saint-Fond, quoique ce que tu nous donnes soit très-joli, n’y trouve pas encore assez de recherches. Tu ne saurais croire à quel point il faut les porter ; nous voulons que le gibier fourni soit non seulement d’une excellente race, mais qu’il possède encore toutes les qualités morales et physiques qui peuvent rendre sa défaite intéressante. Sur cela je fis part à Noirceuil des excellens moyens que