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leurs c’est bien assez de cacher ce qu’on aime, sans être obligé de feindre ce qu’on déteste ; si tous les hommes étaient vicieux, de meilleure fois, l’hypocrisie ne serait pas nécessaire ; mais faussement persuadés que la vertu a des avantages, ils veulent absolument y tenir par quelque côté ; il faut faire comme eux, et pour se les gagner, cacher tout ce qu’on peut de ses travers, sous le manteau de cette vieille et ridicule idole, quittes à se venger de l’hommage forcé qu’on lui rend par des sacrifices de plus au rival. L’hypocrisie d’ailleurs en apprenant à tromper, facilite une infinité de crimes ; on se livre à vous parce que votre air désintéressé en impose, et vous enfoncez le poignard avec d’autant moins de peine, qu’on ne vous suppose pas même de le porter. Cette manière sourde et mystérieuse de satisfaire ainsi ses passions rend leur jouissance infiniment plus vive. Le cinisme a du piquant, je le sais, mais il ne vous amene pas… il ne vous assure pas les victimes comme l’hypocrisie ; et puis l’effronterie… les crapuleux écarts du crime ne sont réellement bons que dans les débauches. Qui empêche l’hypocrite de s’y livrer au fond de sa maison, quand il