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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/95

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satisfait son libertinage ? Mais on avouera que loin de là le cinisme devient déplacé, il est du plus mauvais ton, et en vous écartant de la société, il vous met hors d’état de jouir d’elle. Les crimes de débauches ne sont pas les seuls qui présentent des délices, il en est tout plein d’autres très-intéressans, très-lucratifs que l’hypocrisie nous assure, et dont nous éloignerait le cinisme : y avait-il au monde une créature plus fausse, plus adroite, plus scélérate que la Brinvilliers ; c’était dans les hôpitaux qu’elle allait faire des épreuves de ses poisons, c’était sous le voile de la piété et de la bienfaisance qu’elle essayait avec impunité les délicieux moyens de ses crimes. Son père lui disait au lit de la mort où elle venait de le réduire par un breuvage empoisonné ; oh ma chère fille, je ne regrette la vie que par l’impossibilité où je suis, de te faire le bien que je voudrais ! et la réponse de la fille fut une dose de plus, dans le verre de tisanne qu’elle administrait au bon homme[1]. Il n’y

  1. Voyez les mémoires de la marquise de Frène. Le dictionaire des hommes illustres, etc. etc.