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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/128

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fraîche et si bien portante ; jamais des chatouillemens aussi vifs ne s’étaient fait éprouver en moi… Je me sentis, dès en me levant, d’une luxure… d’une méchanceté… j’éprouvais le besoin des horreurs, et près de lui, le désespoir affreux de ne pouvoir les aggraver au point où je les désirais… c’est un crime que je vais commettre, me disais-je… un très-grand crime, assure-t-on, mais ce n’en est qu’un ; et qu’est-ce qu’un crime pour celle qui voudrait n’exister qu’au milieu du crime, ne vivre que pour lui seul et n’adorer que lui. Je fus quinteuse, maussade, capricieuse, taquine, toute la matinée. Je fouettai deux de mes femmes, en colère ; je fis, méchamment, tomber par la fenêtre, un enfant confié à l’une d’elles : il se tua, j’en fus enchantée : il n’y eût enfin sorte de petites cruautés, de petites lutineries auxquelles je ne me livrasse tout le jour. L’heure du souper vint enfin ; j’avais ordonné qu’il fût aussi délicieux que la veille, et comme la veille ; dès qu’il fut fini, j’entraîne Bernole sur un canapé, et c’est mon cul que je lui présente. Séduit par mes sophismes, le malheureux s’y plonge… À peine y est-il, que Clairwil, Noirceuil et Saint-