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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/153

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effectivement. La jeune personne, dont il s’agit, est d’ailleurs, m’assure-t-on, l’une des plus intéressantes créatures qu’il y ait au monde. Sans rien expliquer de mes projets au ministre, je lui demande un ordre pour retirer l’argent. Je l’obtiens à la minute ; vingt-quatre heures suffisent à me procurer, ce que le bon provincial ne pouvait obtenir depuis dix ans. Dès que je suis en possession de la dette, j’écris au solliciteur que tout est en bon train ; mais que sa présence est absolument nécessaire ; qu’une jeune et jolie personne, produite avec lui dans les bureaux, ne peut qu’accélérer la réussite de sa demande ; que je l’invite, en conséquence, à amener sa fille avec lui. Le benet, dupe de mes conseils perfides, apporte lui-même sa réponse, et me présente effectivement une des plus belles filles que j’eusse encore vues. Je ne les lis pas languir long-tems après leur arrivée. Un de ces dîners ministériels, que je donnais chaque semaine à Saint-Fond, les mit en ma puissance. Déjà maîtresse des cinq cents mille francs, et le devenant, par cette insigne trahison, du père et de la fille, vous devinez, je crois aisément, l’emploi que je fis des uns