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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/154

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et des autres. L’argent qui eût fait la fortune de plusieurs familles, fut dépensé par moi dans moins d’une semaine ; et la fille destinée à faire la félicité d’un honnête homme, après avoir été souillée par nos pollutions nocturnes, pendant trois jours de suite, devint le quatrième, victime avec son père, de la férocité de Saint-Fond et de Noirceuil, qui les firent expirer tous deux, dans un supplice, d’autant plus barbare, qu’ils y vécurent douze heures dans les angoisses les plus effrayantes.

À ces preuves de ma perfidie, je dois, pour achever de me peindre à vous, vous en donner de mon avarice. Croiriez-vous que je la portais au point de prêter sur gages. M’en trouvant un jour pour huit cents mille francs, qui à peine m’eussent, en les rendant, rapporté le quart de la somme, je fis banqueroute, et ruinai par ce trait, vingt malheureuses familles, qui n’avoient mis dans mes mains leurs effets les plus précieux, que pour se procurer une triste subsistance momentanée, et qu’ils ne trouvaient pas dans des travaux qui leur coûtaient néanmoins tant de peines et tant de sueurs.