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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/185

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rieur qui nous entraîne, pour ainsi dire, comme malgré nous, vers un objet quelconque ; qui nous fait vivement desirer de nous unir à lui… de nous en rapprocher sans cesse… qui nous flatte… qui nous enivre, quand nous réussissons à cette union, et qui nous désespère… qui nous déchire quand quelques motifs étrangers viennent nous contraindre à briser cette union, si cette extravagance ne nous entraînait jamais qu’à la jouissance prise avec cette ardeur, cet enivrement, elle ne serait qu’un ridicule ; mais comme elle nous conduit à une certaine métaphysique qui, nous transformant en l’objet aimé, nous rend ses actions, ses besoins, ses desirs aussi chers que les nôtres propres, par cela seul elle devient excessivement dangereuse, en nous détachant trop de nous-même, et en nous faisant négliger nos intérêts pour ceux de l’objet aimé ; en nous identifiant, pour ainsi dire, avec cet objet, elle nous fait adopter ses malheurs, ses chagrins, et ajoute, par conséquent, ainsi, à la somme des nôtres. D’ailleurs, la crainte ou de perdre cet objet, ou de le voir se refroidir, nous tracasse sans cesse ; et de l’état le plus tranquille de la