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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/224

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Sans en excepter Noirceuil et Saint-Fond, il y avait peu d’hommes aussi corrompus que Belmor ; il l’était par principes… par tempéramment… par goût, et sa perfide imagination lui faisait souvent inventer des choses qui surpassaient tout ce que j’avais conçu… entendu jusqu’alors.

Cette imagination que vous vantez en moi, Juliette, me dit-il un jour, est précisément ce qui m’a séduit chez vous ; on en a difficilement une plus lascive… une plus riche… une plus variée ; et vous avez dû remarquer que mes plus douces jouissances avec vous, sont celles où, donnant l’essor à nos deux têtes, nous créons des êtres de lubricité dont l’existence est malheureusement impossible : oh, Juliette ! qu’ils sont délicieux les plaisirs de l’imagination, et que l’on parcourt voluptueusement toutes les routes que nous offre sa brillante carrière ! Conviens, cher ange, que l’on n’a pas d’idée de ce que nous inventons, de ce que nous créons dans ces momens divins où nos âmes de feu n’existent plus que dans l’organe impur de la lubricité ; de quels délices on jouit en se branlant mutuellement, pendant l’érection de ces phantômes ; comme on les caresse