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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/225

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avec transport !… comme on les entoure !… comme on les augmente de mille épisodes obscènes. Toute la terre est à nous dans ces instans délicieux ; pas une seule créature ne nous résiste ; tout présente à nos sens émus la sorte de plaisir dont notre bouillante imagination la croit susceptible : on dévaste le monde… on le repeuple d’objets nouveaux, que l’on immole encore ; le moyen de tous les crimes est à nous, nous usons de tous ; nous centuplons l’horreur ; et les épisodes de tous les esprits les plus infernaux et les plus malins n’atteindraient pas, dans leurs plus malfaisans effets, où nous osons porter nos desirs… Heureux, cent fois heureux, dit la Métrie, ceux dont l’imagination vive et lubrique tient toujours les sens dans l’avant-goût du plaisir !… En vérité, Juliette, je ne sais si la réalité vaut les chimères, et si les jouissances de ce que l’on n’a point ne valent pas cent fois celles qu’on possède : voilà vos fesses, Juliette, elles sont sous mes yeux, je les trouve belles, mais mon imagination, toujours plus brillante que la nature, et plus adroite, j’ose le dire, en crée de bien plus belles encore ; et le plaisir que me donne cette illusion n’est-il pas préfé-