Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/273

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jugés ; il faut y marcher d’un pas ferme, ou l’on se prépare bien des maux ; et nous rajustant, nous fîmes un paquet de tous les poisons que nous avions achetés, payâmes largement une aussi bonne connaissance, et regagnâmes notre voiture, en nous promettant bien l’une et l’autre de cultiver cette femme utile, et de faire de nos emplettes chez elle, l’usage le plus multiplié. J’en donnerai, me dit Clairwil, à toutes les créatures que je rencontrerai, dans la seule vue de commettre une action… qui, je sens devient la plus chatouilleuse pour mes sens, et la plus chérie de mon cœur.

Je brûlais de faire connaître la Durand à Belmor ; je les trouvais tous deux si dignes l’un de l’autre, je me branlais depuis long-tems sur l’idée de voir mon amant dans les bras de cette mégère. Je lui en parlai, il ne la connaissait pas ; nous y fumes : je n’avais pas eu le tems d’y retourner depuis la fameuse visite que nous lui avions faite avec Clairwil : après quelques reproches de l’avoir négligé si long-tems, elle reçut le comte à merveille ; enchanté de tout ce qu’il vit là, après un grand nombre d’em-