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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/284

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blesse ses regards, il voudrait la cacher aux autres, et le malheureux ne sent pas que tous les efforts qu’il fait pour l’anéantir deviennent des triomphes pour elle ; la jouissance de celui qui fait le mal est de l’aggraver tous les jours ; mais l’instant où il faut qu’il s’arrête ne lui prouve-t-il pas sa faiblesse ? en est-il de même de la vertu ? plus il en améliore les jouissances, plus elles deviennent délicates, et s’il veut atteindre les bornes, il ne les trouve que dans le sein d’un Dieu où son existence se réunit pour revivre éternellement. Oh ! Juliette, que la vertu et la religion ont de douceurs ! j’ai vécu comme les autres hommes, vous le voyez, puisque c’est dans une maison de plaisir où j’ai l’avantage de vous connaître ; mais au milieu de toutes mes passions, au plus grand feu des travers de ma jeunesse, la vertu m’a toujours paru belle, et ce fut toujours dans les devoirs qu’elle m’imposa, que je trouvai mes plus douces jouissances. Soyez de bonne foi, Juliette, comment pouvez-vous supposer qu’il puisse y avoir plus de charmes à faire couler les pleurs de l’infortune qu’à soulager les maux du misérable. Je veux bien vous accorder un mo-