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mépris je vais voir les statues de Pierre et de Marie, sur les autels de Bellone et de Vénus ! Aucune idée n’exalte mon imagination, comme celle-là. Peuple abruti par la superstition, poursuivis-je, en cherchant sur le visage des nouveaux Romains, quelques traits de ces anciens maîtres du globe entier, à quel point la plus infâme… la plus dégoûtante des religions est parvenue à vous dégrader ! Et que diraient les Catons, les Brutus, s’ils voyaient les Jules, les Borgia, fouler insolemment aux pieds les centres augustes que ces héros du monde laissaient avec confiance à la respectueuse admiration de l’univers ?

Malgré le serment que j’avais fait de n’entrer dans aucune église, je ne pus tenir en arrivant à Rome, au désir de visiter celle de Saint-Pierre. Ce monument, il en faut convenir, est non-seulement au-dessus de toutes les descriptions, mais bien supérieur même à tout ce que la plus fertile imagination peut concevoir ; mais cette partie de l’esprit de l’homme s’afflige en voyant que de si grands talens se sont épuisés, que des dépenses si prodigieuses se sont faites en l’honneur d’une religion aussi stupide, aussi ridi-