Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/155

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en luxure est assez bien établie pour qu’il ne puisse vous rester le moindre doute sur ma manière de me comporter dans de telles parties ; ma lubricité, toujours modelée sur le caprice des hommes, ne s’allume jamais qu’au feu de leurs passions. Je ne suis vraiement échauffée que de leurs desirs, et je ne connais de volupté qu’à satisfaire tous leurs écarts : si ce qu’ils exigent de moi se trouve tout simple, mes voluptés sont médiocres : ont-ils besoin de recherches, j’éprouve aussitôt par sympathie le plus violent desir de les contenter ; et je n’ai jamais connu, ni conçu de restriction dans les actes du libertinage, attendu que plus ils outragent les mœurs, plus ils dépassent les bornes de la pudeur et de l’honnêteté, et plus ils flattent mes jouissances… On ne peut pas être plus aimable, dit Bernis ; il est certain qu’une femme qui refuse ces choses-là est une bégueule qui ne mérite ni la considération de ses amis, ni l’estime des honnêtes gens. De tels refus sont absurdes, dit Albani l’un des plus zélés sectateurs de tous les goûts bisarres de la lubricité, ils ne prouvent dans la femme qui les fait que de la bêtise ou de la froideur ; et je vous avoue qu’une