Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sera de voir qu’un démon foute,
Et que mon cul n’est point foutu.

Accable-moi donc d’infortunes,
Foutu Dieu qui me fais horreur.
Ce n’est qu’à des ames communes
À qui tu peux foutre malheur.
Pour moi je nargue ton audace ;
Quand dans un cul je foutimasse,
Je me ris de ton vain effort.
J’en fais autant des loix de l’homme :
Le vrai sectateur de Sodome
Se fout et des Dieux, et du sort.

Les applaudissemens redoublèrent. Cette Ode fut trouvée bien plus forte que celle de Piron, unanimement accusé de poltronerie, pour avoir niché là les Dieux de la Fable, quand il n’aurait dû ridiculiser que ceux du christianisme ; les têtes, plus électrisées que jamais, l’on sortit de table dans un tel état d’ivresse, qu’à peine pouvait-on marcher. Un nouveau salon magnifique nous reçut, et là se retrouvèrent les cinquante courtisanes, dont nous avions observé les fesses pendant le repas, les six petits frères servans, et les douze pucelles du dessert : la délicatesse de l’âge de ces petites nymphes,