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sensibilité ; multiplie les preuves de ton amour, et je doublerai toujours avec toi les gages les plus sacrés du mien. Honorine veut aussi me voir nue, elle me regarde partout ; mais elle est si neuve au plaisir, qu’elle ignore l’art de m’en donner… Ah ! qu’importait à mon ame de feu… elle me voyait, elle m’examinait… j’étais foutue des rayons de ses yeux, et mon bonheur était parfait. O femmes lubriques ! si jamais vous êtes dans ma position, vous me plaindrez, vous sentirez le désespoir où mettent des desirs trompés, et vous maudirez comme moi la nature, de vous avoir inspiré des sentimens que la bougresse ne saurait éteindre. De nouveaux plaisirs recommencèrent. Ne pouvant nous donner tout le soulagement dont nous avions besoin, nous nous procurâmes au moins tout celui que nous pûmes ; et nous ne nous séparâmes qu’avec la promesse formelle de nous revoir bientôt.

Deux jours après cette scène, Olimpe vint chez moi ; elle savait que j’avais vu la duchesse, elle en était jalouse. Honorine est belle, je le sais, me dit-elle, mais tu m’accorderas qu’elle est bête ; je lui défie de pouvoir jamais te donner autant de plaisir