Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/195

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que moi : les inquiétudes de son époux d’ailleurs sont telles que tu courrais les plus grands risques si jamais il venait à concevoir des soupçons. Chère amie ; dis-je à la Borghèse, je te demande encore quinze jours, avant de m’expliquer plus clairement avec toi sur le compte d’Honorine. Le seul aveu par lequel je puisse te rassurer à présent, c’est que je m’amuse quelquefois de la vertu, mais que le crime seul a des droits sur mon cœur. N’en parlons donc plus, dit la princesse, en m’embrassant, tu m’éclaires à la fin, et tu me tranquillises : je t’attends à-la-fois de l’illusion, elle ne sera pas longue avec Grillo, c’est tout ce que je puis te dire ; et Olimpe poursuivant, n’as-tu pas été bien étonnée, me dit-elle, de me voir l’autre jour, faire autant que toi la putain ? Non, en vérité, répondis-je, je connais ta tête, et je me suis bien doutée qu’il n’entrait dans cela que du libertinage. — Tu te trompes, il y a de l’intérêt, de l’ambition ; ces deux cardinaux disposent de tout au Vatican, et j’ai des raisons pour les ménager ; j’en reçois beaucoup, d’ailleurs, et j’aime autant l’argent que toi. Tiens, Juliette, sois franche, avoue que tu as volé le cardinal ? ne