Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/211

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tinuai-je, tout plein de ces petites habitudes, aussi vilaines que secrètes, aussi horribles que sales, aussi crapuleuses que brutales, que tu ignores peut-être, ma chère, et que je veux t’apprendre à l’oreille ; elles te prouveront que le célèbre Lamétrie avait raison, quand il disait[1] qu’il fallait se vautrer dans l’ordure comme les porcs ; et qu’on devait trouver comme eux du plaisir, dans les derniers degrés de la corruption. J’ai fait, sur-tout cela, des épreuves très-singulières, et que je te communiquerai. Crois-tu, par exemple, qu’en abrutissant deux ou trois sens par des excès, ce qu’on retire des autres est inoui : je te démontrerai, quand tu le voudras, cette inconcevable vérité. Sois sûre, en attendant, qu’en général, c’est dans l’insensibilité, dans la dépravation, que la nature commence à nous donner la clef de ses secrets, et que nous ne la devinons qu’en l’outrageant.

Il y a bien long-tems que je suis persuadée de ces maximes ; me répondit Olimpe, mais je suis assez malheureuse pour ne plus

  1. Voyez son ouvrage sur la volupté.