Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/212

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savoir quels outrages faire à cette coquine-là : je dirige cette cour à ma volonté ; Pie VI m’a aimée, il me voit très-souvent encore, j’ai acquis par sa protection et par le crédit qu’elle me procure, l’impunité la plus entière, et j’en ai trop joui, je suis blasée sur tout, ma chère, je comptais étonnamment sur le parricide que je viens de commettre ; le projet avait embrâsé mes sens mille fois plus que l’exécution ne les a satisfaits, tout est au-dessous de mes desirs ; mais j’ai trop raisonné mes fantaisies, il eût cent fois mieux valu pour moi que je ne les analisasse jamais ; en leur laissant l’enveloppe du crime, elles m’eussent au moins chatouillée, mais la simplicité que ma philosophie leur donne fait qu’elles ne m’atteignent même plus… C’est sur l’infortune, dis-je, qu’il faut, le puis qu’il est possible, faire tomber le poids de ses méchancetés ; les larmes qu’on arrache à l’indigence ont une âcreté qui réveille bien puissamment le fluide nerval, et…… Écoutes, me dit Borghèse, avec vivacité, j’ai sur cela un projet unique, je veux brûler à-la-fois, dans Rome le même jour… à la même heure, tous les hôpitaux, tous les hospices, toutes les maisons de charité, toutes