Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/227

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voir des hommes : mais comment oser courir tous les risques qui pouvaient résulter de cette incartade ; d’un autre côté je redoutais cette nouvelle connaissance… Quelle pouvait être cette femme… Serait-elle discrète ? Sa présence ne me gênerait-elle pas étonamment ; mon embarras se trouva tel que je restai trois ou quatre minutes pétrifiée : Décide-toi donc, petite bougresse, me dit Salviati, en me poussant, sais-tu que les momens sont chers ici, et que je n’aime pas à les perdre… Eh bien, dis-je, je vais entrer avec les femmes ; aussi-tôt la vieille gratte à la porte… Un moment, lui dit-on : quelques minutes après une jeune fille me vint ouvrir ; nous pénétrâmes : la compagne de la marquise était une femme de quarante-cinq ans, qui paraissait encore belle, et que je ne me rappelle point d’avoir vu dans le monde. Mais quel désordre, grand Dieu. Ah ! si l’on avait voulu peindre la débauche et l’impureté, il n’eut pas fallu d’autres traits que ceux dont était souillé le front de cette créature effrenée ; elle était nue sur une ottomane, les cuisses écartées ; deux jeunes filles à ses pieds, couchées sur des carreaux, étaient dans la même indécence. Son teint