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autels de l’Amour, les indiscrets sermens qu’aurait arrachés la sagesse.

Charmante femme, dis-je à la duchesse, les sermens de vertu prononcés par toi, sont des extravagances dont la nature te punit ; ce n’est pas pour être sages qu’elle nous a créées, c’est pour foutre ; nous l’outrageons en résistant à ses vues sur nous ; si cette délicieuse maison existe encore, je t’exhorte à y retourner ; je ne suis jamais jalouse des plaisirs que mes amis prennent, je ne leur demande que la permission de les partager ou de les voir.

Cette maison n’existe plus, me dit Honorine, mais il serait d’autres moyens de se donner du plaisir. — Et pourquoi donc n’en pas profiter ? — Je suis plus gênée que jamais, mon mari se rapproche de moi, il en devient jaloux ; je crains même qu’il ne soupçonne notre liaison. — Il faut se débarrasser d’un tel homme. — Oh ciel ! tu me fais frémir. — Il n’est pourtant rien de plus simple : la première des loix de la nature est de nous défaire de ce qui nous déplaît ; l’uxoricide est un crime imaginaire, dont je me suis rendu coupable, sans le plus petit remords ; nous ne devons jamais considérer que nous