Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/308

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il l’apprécie à sa juste valeur ; l’estime qu’il a pour elle, n’est assise que sur les revenus qu’il en recueille. Eh mon ami, si tu étais le maître, tu traiterais de même les ennemis de cette religion qui t’engraisse. — Assurément, Juliette : l’intolérance est la première loi de l’église, sans le rigorisme le plus outré, ses temples seraient bientôt détruits ; il faut que le glaive frappe quand la loi n’agit plus. — O ! Braschi, que tu es despote. — Comment veux-tu que les princes règnent sans le despotisme, leur pouvoir n’est que dans l’opinion : qu’elle change, et ils sont perdus. Leur unique moyen pour la fixer, consiste donc à effrayer les ames, à placer sur les yeux le bandeau de l’erreur, afin que les pygmées paraissent des géans. — Braschi, les peuples s’éclairent ; tous les tyrans périront bientôt, et les sceptres qu’ils tiennent, et les fers qu’ils imposent, tout se brisera devant les autels de la liberté, comme le cèdre ployé sous l’aquilon qui le balotte. Il y a trop long-tems que le despotisme avilit leurs droits, il faut qu’ils les reprennent ; il faut qu’une révolution générale embrâse l’Europe entière, et que les hochets de la religion et du trône,