Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensevelis pour ne plus reparaître, laissent incessamment à leur place, et l’énergie des deux Brutus, et les vertus des deux Catons.

Nous marchions toujours ; Ce n’est pas une petite besogne que de parcourir le palais, me dit Braschi ; il contient quatre mille quatre cent vingt-deux chambres, vingt-deux cours, et d’immenses jardins. Commençons par voir ceci, me dit le Pape, en me menant dans une galerie qui est au-dessus du vestibule de l’église de Saint-Pierre : d’ici, dit le Pontife, je répands mes bénédictions sur l’univers… d’ici, j’excommunie les Rois… je dégage les peuples du serment de fidélité qu’ils doivent à leur prince. Méprisable farceur, répondis-je avec force, ton théâtre est bien chancelant ; fondé sur l’absurdité des nations de la terre, la philosophie va l’anéantir. Nous passâmes de là, dans la célèbre galerie ; aucune pièce en Europe n’est aussi longue que celle-là, pas même la galerie du Louvre ; aucune, sans doute, ne renferme d’aussi beaux morceaux de peinture. En admirant le Saint-Pierre aux trois clefs, qui termine cette superbe pièce, pontife, dis-je à Braschi, voilà donc encore un monument de ton orgueil ; c’est un