Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/334

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nature en éprouve. Eh ! malheureux mortel, ne te flatte donc pas du pouvoir de détruire, cette action est au-dessus de tes forces ; tu peux varier des formes, mais tu n’en saurais anéantir ; tu ne saurais absorber les éléments de la matière, et comment les détruirais-tu puisqu’ils sont éternels ? Tu les changes de formes, tu les varies ; mais cette dissolution sert à la nature, puisque ce sont de ces parties détruites qu’elle recompose. Donc, tout changement, opéré par l’homme sur cette matière organisée, sert la nature bien plus qu’il ne la contrarie. Que dis-je, hélas ! pour la servir, il faudrait des destructions bien plus entières… bien plus complettes que celles que nous pouvons opérer ; c’est l’atrocité, c’est l’étendue qu’elle veut dans les crimes ; plus nos destructions seront de cette espèce, plus elles lui seront agréables. Il faudrait pour la mieux servir encore, pouvoir s’opposer à la régénération résultative du cadavre que nous enterrons. Le meurtre n’ôte que la première vie à l’individu que nous en frappons ; il faudrait pouvoir lui arracher la seconde, pour être encore plus utile à la nature car c’est