Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/339

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trop borné, trop faible, pour que vous puissiez coopérer à autre chose, qu’à l’ordre général, et que ce que vous appelez désordre, n’est autre chose qu’une des loix de l’ordre que vous méconnaissez, et que vous avez faussement nommé désordre, parce que ses effets, quoique bons à la nature, vous gênent ou vous contrarient. Ah ! si ces crimes n’étaient pas nécessaires aux loix générales, nous seraient-ils inspirés comme ils le sont ? sentirions-nous au fond de nos cœurs, et la nécessité de les commettre, et le charme de les avoir commis ? Comment osons-nous penser que la nature puisse imprimer dans nous des mouvemens qui la contrarient : ah ! croyons qu’elle a bien su mettre à l’abri de nos coups, ce qui réellement pourrait la troubler et lui nuire : essayons d’absorber les rayons de l’astre qui nous éclaire ; essayons de changer la marche périodique des astres… des globes qui flottent dans l’espace : voilà les crimes qui l’offenseraient véritablement ; et vous voyez, comme elle sait les éloigner de nous. Ne nous inquiétons nullement du reste : il est entièrement à notre disposition : tout ce qui se trouve à notre portée, nous appartient ;