Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et qu’il néglige de les employer ; il en résulte que les malheureux se font rouer au même métier, où d’autres se seraient couverts de gloire et d’honneur, les Alexandre, les Saxe, les Turenne, seraient peut être devenus des voleurs de grands chemins, si leur naissance et le hazard, ne leur eussent pas préparé des lauriers dans la carrière de la gloire ; et les Cartouches, les Mandrins, les Desrues, assurément de grands hommes, si le gouvernement eût su les employer.

O comble affreux de l’injustice ! il existera des animaux féroces, qui ne vivent que de meurtres, tels que le loup, le lion, le tigre ; ces animaux ne s’écartent d’aucunes loix en vivant ainsi, et l’on osera soutenir que s’il se rencontre d’autres animaux sur la terre, qui, pour satisfaire une passion différente de la faim, se livrent à des excès égaux, ces animaux commettront des crimes : quelle absurdité !

Nous nous plaignons souvent de l’existence de tel ou tel animal, dont la forme ou l’aspect nous paraît horrible, ou duquel nous éprouvons quelqu’incommodité ; et pour nous en consoler, nous objectons, avec autant de raison que de sagesse : « cet animal est affreux,