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il nous nuit, mais il est utile : la nature n’a rien créé en vain ; sans doute il pompe l’air qui nous serait nuisible, ou bien il dévore d’autres insectes, qui seraient encore plus dangereux. » Ayons donc cette même philosophie dans tous les points, et ne voyons dans le meurtrier, qu’une main conduite par des loix irrésistibles… qu’une main qui sert la nature, et qui par les crimes qu’elle accomplit, de quelqu’espèce qu’on veuille les supposer, remplit certaines vues que nous ne connaissons pas, où prévient quelqu’accident plus fâcheux peut-être mille fois, que celui qu’il occasionne.

Sophismes… sophismes, s’écrient ici les sots ; il est si vrai que le meurtre offense la nature, que celui qui vient de le commettre, en frémit toujours malgré lui… Imbéciles ! ce n’est point parce que l’action est mauvaise en elle-même, que le meurtrier frémit ; car certainement, dans le pays où le meurtre est récompensé, il ne frémit pas…

Le guerrier frémit-il de l’ennemi qu’il vient d’immoler ? La seule cause du trouble que nous éprouvons alors, gît dans la défense de l’action ; il n’y a pas d’homme qui n’ait senti qu’une action toute simple, que la