Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/97

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goureusement irritée, mes propos, mes baisers, mes attouchemens, mes descriptions lascives, tout l’étonna, tout alarma sa gentille innocence, et elle finit par m’avouer que sa mère était bien loin de mes luxurieuses recherches : enfin, après les heures les plus voluptueuses, après avoir déchargé de toutes les manières possibles, cinq ou six fois chacune, après nous être baisées, sucées à toutes les parties de nos corps, nous être mordues, pincées, langottées, fouettées, avoir fait en un mot tout ce qu’il est possible d’inventer de plus crapuleux, de plus sale, de plus débordé, de plus inconcevable, je tins à cette charmante personne à peu près le discours suivant :

Chère fille, lui dis-je, j’ignore où vous en êtes pour les principes, et si la comtesse, en vous donnant les premières leçons du plaisir, s’est occupée de cultiver votre âme ; mais quoiqu’il en puisse être, ce que j’ai à vous révéler est trop important pour que je puisse vous le cacher une minute. Votre mère, la plus fausse, la plus indigne, la plus criminelle des femmes, a conspiré contre vos jours ; demain vous devez être sa victime, si vous ne parez le coup, en le