Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/114

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gagnerons de plus, le reste des équipages, sur lequel nous ne comptions pas. Le malheureux jeune homme est coupé par morceaux ; un ardent brasier consume ses chairs ; et tous deux, échauffés de l’horreur que nous venons de commettre nous passons le reste de la nuit dans le sein des plus sales débauches. Le lendemain, je fus seul, aux armes d’Angleterre ; mon ami, dis-je, au valet, je suis muni d’un ordre de votre maître, pour vous conduire, avec moi, à deux lieues d’ici, dans une maison de campagne, où il vous attend avec impatience ; laissez vos effets, recommandez sur-tout en partant, qu’on ne les remette qu’à moi ; pressons-nous.

Nous sortons de la ville, et quand je tiens mon homme dans une solitude affreuse, qui borne Stockolm de ce côté, va dis-je, à ce malheureux, en lui brûlant la cervelle, va retrouver ton maître en enfer ; c’est-là où nous envoyons tous ceux qui ont de l’argent, et qui ne veulent pas nous en donner de bonne grace. D’un coup de pied je fais rouler le cadavre dans le fond d’un précipice, et mon opération faite,