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je me retourne pour reprendre le chemin de la ville, lorsque j’apperçois un enfant de treize à quatorze ans, qui gardait un troupeau de moutons. Oh ciel ! me dis-je, je suis perdu, me voilà découvert… Allons, sacredieu, ne balançons pas : je saisis l’enfant, entortille sa tête d’un mouchoir ; je le viole ; les deux pucelages sautent d’un seul coup, et je lui fais voler le crâne tout en lui déchargeant dans le cul ; voilà, me dis-je, très-content de cette action, le moyen sûr de ne jamais craindre les témoins, et je revoie aux armes d’Angleterre, d’où je fais sortir aussi-tôt la voiture et les malles, pour les conduire où nous étions.

Je retrouvai ma compagne dans une sorte d’inquiétude qui m’alarma ; qu’as-tu donc, lui dis-je ? manquerais-tu de force ?… les suites de cette affaire me tracassent, me dit Emma, Villeneuil n’arrive pas à Stockolm sans y être annoncé à ses correspondans ; on s’informera, on le cherchera dans toutes les auberges ; ces procédés fort présumables vont tout découvrir et nous perdre ; partons mon ami, quittons ce pays où tout me fait une peur horrible. — Emma, je te croyais