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épargner pour conserver les droits qu’ils tâchaient d’usurper depuis long-tems ; leur tutelle était dure, ils osèrent la porter au point de faire ouvrir les lettres du roi dans leurs assemblées, afin d’y répondre ou de les interprêter à leur guise ; peu-à-peu la puissance de ces magistrats crût à tel point, que Gustave pouvait à peine disposer des places de son royaume.

Voilà l’état de la Suède, lorsque je me présentai chez le sénateur Steno qui était, en quelque façon, l’ame du parti sénatorial. Je fus reçu du jeune magistrat et de sa femme, avec les démonstrations de la politesse la plus agréable, et, j’ose dire, de l’intérêt le plus vif. On me gronda de n’avoir pas amené ma compagne dès le premier jour ; et ce ne fut qu’en acceptant à diner pour elle et pour moi le lendemain, que je parvins à calmer les reproches du jeune sénateur.

Emma qui passait pour ma femme, et qui réunissait tout ce qui pouvait faire les délices de la bonne société, fut reçue le plus agréablement ; et les liens de la plus tendre amitié réunirent aussitôt et cette charmante