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créature et l’aimable épouse du sénateur[1].

Si le jeune suédois, ayant vingt-sept ans, pouvait avec raison passer pour l’un des plus aimables, des plus riches et des plus spirituels seigneurs de Suède, on peut assurer, sans exagération, qu’Ernestine, sa femme, était bien sûrement la plus jolie créature qu’il y eût dans tous les royaumes du Nord. Dix-neuf ans, les plus beaux cheveux blonds, la taille la plus majestueuse… les plus jolis yeux noirs… les traits les plus doux et les plus délicats, tels étaient les charmes dont la nature avait embellie cette femme angélique qui, non contente de tant de faveurs, réunissait encore à ses attraits physiques, l’esprit le plus orné, le caractère le plus ferme, et la philosophie la plus sûre.

Dès la quatrième fois que nous nous vîmes, Steno me demanda à qui s’adressaient les autres lettres de recommandation que l’on m’avait données. Je les lui fis voir, et quand

  1. L’on prévient le lecteur que les noms des conjurés de cette célèbre affaire sont ici tous déguisés.