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individu que j’ai pu mettre au monde.

Le rendez-vous fut à la maison de campagne où j’avais déjà vu l’impératrice ; elle me reçut au sein d’un boudoir magique, dans lequel l’air le plus chaud faisait à-la-fois éclore les fleurs de toutes les saisons, agréablement réparties dans des banquettes d’acajou qui régnaient tout autour de ce délicieux cabinet. Des canapés à la turque, environnés de glaces qui se voyaient au-dessous, invitaient, par leur mollesse, aux plus voluptueuses jouissances : un réduit plus lugubre se voyait au-delà ; on y appercevait quatre beaux garçons de vingt ans, que des fers contenaient aux passions effrénées de Catherine. Ce que tu regardes-là, me dit la princesse, est le bouquet de la lubricité : des plaisirs ordinaires vont commencer par échauffer nos sens ; ce que tu vois, complétera leur délire. Des victimes de mon sexe te plairaient-elles mieux ? Peu m’importe, répondis-je, je partagerai vos plaisirs, et sur quelqu’individu que se commette le meurtre, il est toujours sûr d’enflammer mes sens. — Ah Borchamps ! il n’y a que cela de bon dans le monde ; il est si doux de contrarier la nature ! — Mais le