Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/180

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jamais ses institutions n’auront le caractère de grandeur qu’elles devraient avoir ; or, quel respect voulez-vous qu’un homme ait pour des loix qui contrarient tout ce que grave en lui la nature. Embrasse-moi, mon ami, dis-je à ce charmant homme, entraîné par l’enthousiasme où me mettait la ressemblance de ses sentimens aux miens ; tout ce que tu viens d’établir est depuis bien long-tems dans ma tête, et je t’offre en même tems une ame pour le moins aussi cuirassée que la tienne… Je ne suis pas tout-à-fait aussi avancé que vous, nous dit le Hongrois, je n’ai jamais assassiné que ma sœur, ma nièce, et quelques camarades ici, avec Voldomir ; mais les doigts me démangent, et je voudrais, de bien bon cœur, que l’occasion d’un crime s’offrît à moi tous les jours de ma vie.

Mes amis, dis-je à mes deux compagnons, des gens qui se ressemblent aussi bien, ne doivent jamais se séparer, et quand ils ont le malheur d’être prisonniers ensemble, ils doivent réunir leurs forces pour briser les fers dont l’injustice des hommes les accable. Je m’engage, par le serment le plus sacré, à faire ce que dit notre camarade, s’écria