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seize ans. Il n’y a rien de beau dans le monde comme les créatures de ce pays ; rien d’élégant comme leurs formes, rien d’agréable comme leurs traits : il est difficile de voir une réunion plus complette de grâces et de beautés. Mais si l’on ne peut les voir sans les desirer, il est rare de les desirer sans les avoir. Il n’est point de pays au monde où le putanisme soit aussi prononcé : les Géorgiens vivent dans la dépendance ; la tyrannie que leurs nobles exercent sur eux n’est pas douce ; et comme ceux-ci sont fort libertins, vous imaginez facilement que leur despotisme porte infiniment sur ce qui tient à la luxure : ils vexent leurs esclaves, ils les fouettent, ils les battent, et tout cela dans l’esprit de la lubricité cruelle dont vous savez que les effets portent à toutes sortes de crimes. Mais quelle contradiction ! Cette noblesse qui traite ses vassaux en esclaves, le devient elle-même du prince pour en obtenir des emplois ou de l’argent ; et pour mieux réussir, elle lui prostitue, dès le plus bas âge, ses enfans de l’un et l’autre sexe.

Tergowitz, naturellement adroit et séducteur, trouva bientôt le secret de s’introduire, et de nous loger avec lui chez un des plus