Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/186

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grands seigneurs de ce pays, possédant avec d’assez grandes richesses, trois filles et trois garçons de la plus excellente beauté. Comme ce seigneur avait voyagé, Tergowitz lui persuada l’avoir vu en Russie, en Suède, en Danemarck, et le bon gentilhomme crut tout. Il y avait bien long-tems que nous n’avions reçu autant de politesses, et plus long-tems sans doute encore qu’aucun bienfaiteur ne s’était trouvé récompensé comme nous dédommageâmes celui-là. Nous commençâmes par séduire à-la-fois tous ses enfans : en quinze jours filles et garçons, tout fut foutu de toutes les manières ; lorsque Voldomir nous demanda par où nous voulions finir chez ce brave homme, puisqu’il n’y avait plus rien à foutre ? Par le voler, répondis-je ? Je me flatte que son or vaut bien le con et le cul de ses enfans. Et quand il sera volé, dit Tergowitz ? Eh bien ? répondis-je, nous tuerons : il n’y a pas là beaucoup de domestiques ; nous sommes assez forts pour nous bien amuser de tout cela, et je sens d’avance mon vit frétiller à l’idée du meurtre de ses beaux enfans. Mais l’hospitalité, mes amis, dit Voldomir ! Cette vertu, répondis-je, consiste dans l’obligation de faire du bien à ceux de qui nous