Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/188

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et l’attacher dans sa cave, où nous le laisserons mourir ainsi quand il voudra. Le complot s’accepte à l’unanimité ; mais malheureusement notre projet discuté sans aucune précaution, fut entendu de la plus jeune des filles du patron, déjà soumise à nos desirs, et si prodigieusement maltraitée, quelle en boitait. Voldomir, de son vit énorme, lui avait crevé l’anus, et ce n’était, depuis quelques jours, qu’à force de petits présens que nous la calmions. Trop effrayée de ce qu’elle venait d’entendre, il n’y eut plus moyen de la contenir, et la garce fut tout révéler. Le père ne fut pas plutôt instruit, que son premier soin fut d’établir une garnison chez lui, à laquelle la police de cette ville ordonna de nous observer : mais le dieu qui protège le crime lui soumet toujours la vertu : il y a long-tems que cela est prouvé. Les quatre soldats que le gentilhomme conduisait avec lui, et qu’il devait établir dans la maison sans nous en dire le motif, furent aussi-tôt reconnus par nous pour des camarades de Sibérie, échapés comme nous aux fers de Catherine, qui, comme vous croyez bien, préférèrent notre cause à celle du chrétien de Géorgie, et ce ne furent bientôt que des ennemis de plus