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enfin au point de s’accomplir, moyennant quelques sequins, je fis mettre le feu à la maison de son protecteur. Vous imaginez bien que dans cette circonstance, le premier soin de Calni fut de se retirer dans ma maison de campagne, avec Philogone, suivi de ses richesses, et de quelques valets affidés : ce dernier objet m’inquiétait, nous ne l’eussions voulu que seul avec sa protégée. Je trouvai bientôt le moyen de lui persuader qu’il était essentiel de renvoyer aux débris de sa maison, toute cette valetaille qui serait assurément plus utile là que chez moi, où je ne le laisserais manquer de rien. Calni, au désespoir, fit ce que je voulus. Les caisses étaient déjà dans notre maison, et le travail des bureaux allait même s’y faire, lorsque nous nous apperçûmes qu’il n’y avait plus un moment à perdre. Patron, lui dis-je, en entrant un matin chez lui, le pistolet à la main, pendant que Tergowitz faisait le guet dans la maison, et que mon ami Carle-Son contenait Philogone le seul valet qu’il eût gardé : cher et féal patron, tu t’es rudement trompé si tu as cru que je te donnasse l’hospitalité pour rien ; prends congé de ce monde, mon