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t-il que ce beau pays, avec les avantages d’une nation méridionale, éprouve tous les inconvéniens d’un peuple du Nord. Depuis que je suis dans tes états, j’ai par-tout cherché ton royaume, et n’ai jamais pu trouver que ta ville ; cette ville est un gouffre, où toutes les richesses venant s’engloutir, appauvrissent, au moyen de cela, le reste de la nation. Veux-je étudier cette capitale ; qu’y vois-je ? tout ce que le faste et l’opulence peuvent étaler de plus magnifique, à côté de ce que la misère et la fainéantise offrent de plus affligeant ; d’une part des nobles, presque rois ; de l’autre, des citoyens, pis qu’esclaves, et par-tout le vice de l’inégalité, poison destructeur de tout, gouvernement d’autant plus difficile à corriger chez toi, qu’il naît de la distance énorme qui se trouvent dans les biens des propriétaires. On ne voit dans ton pays, que des hommes qui possèdent des provinces, près d’autres malheureux qui n’ont pas un arpent de terre : ici, l’extrême richesse est beaucoup trop voisine de l’extrême pauvreté ; et cette différence fait qu’un homme est absolument l’antipode de l’autre : si ces gens riches avaient quelques vertus au moins, mais ils