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magnifiquement décorés, et d’une fraîcheur délicieuse. Charlotte, vêtue comme Flore, nous y attendait avec le prince de la Riccia, beau jeune homme de vingt-quatre ans, et qui était de tous les plaisirs particuliers de la reine et de son mari : quatre jolis enfans, deux petites filles de dix à onze ans, et deux petits garçons de douze à treize, vêtus comme les Grecs costumaient autrefois leurs victimes, étaient debout et dans un respectueux silence, à l’une des extrémités du cabinet. La taille noble et majestueuse de Clairwil, la régularité de ses traits, quoiqu’elle ne fut plus de la première jeunesse, l’excessif libertinage de ses yeux, tout frappa la reine de Naples. Voilà une bien belle femme, s’écria-t-elle ; et comme dans des créatures aussi libertines que nous, il n’y a jamais qu’un pas des éloges aux caresses, les deux coquines furent bientôt dans les bras l’une de l’autre. La Riccia s’empare d’Olimpe, et je continue d’être la favorite du roi. Avant que d’agir ensemble, dit Ferdinand, je suis d’avis que nous passions, tous séparément, deux par deux, liés comme nous voilà, dans les boudoirs environnans cette pièce. Après quelques