Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lent lit, entourée de mes femmes et de Clairwil, qui se disputaient le plaisir de m’être utile, et de me rendre les soins qu’exigeait mon état. Chère ame ! je te retrouve, dit mon ancienne amie, quelle félicité pour moi. Déjà mon époux est instruit ; tes gens, tes richesses, tout te sera rendu, nous n’exigeons de toi que de passer quelques jours avec nous ; notre manière de vivre ne t’effrayera point ; je connais assez tes principes pour être sûre que le scandale n’approchera jamais d’une ame comme la tienne. Nous en avons fait autrefois suffisamment ensemble, pour que je puisse en être persuadée. Oh ! Clairwil, m’écriai-je, ton amie est toujours la même ; l’âge, en mûrissant ma tête, m’a fait faire des progrès qui ne me rendront que plus digne de toi ; j’attends avec plaisir le spectacle des crimes que tu me prépares… ce seront des jouissances pour moi. Je suis bien loin aujourd’hui de cette pusillanimité qui pensa me perdre autrefois, et ton amie, sois en bien sûre, ne rougit plus que de la vertu. Mais toi, cher ange, qu’es-tu devenue ? qu’as-tu fait ? quelle heureuse étoile me fait retrouver mon amie dans ces lieux ? Tu seras ins-